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28/06/2020
Nous étions trois et nous avons eu exactement le même avis en sortant de la salle : quel dommage que la réalisatrice ait aussi mal mit en image son film ! Le titre original ("Mr. Jones") est plus honnête que son adaptation française, qui n'a pas beaucoup de sens. Le film est un hommage à ce monsieur Jones, conseillé politique peu écouté (et déchu), fin connaisseur des rouages politiques internationaux et prêt à taper dans la fourmilière pour connaître la "vérité" et la diffuser au plus grand monde.
Comme souvent dans ce genre de film, le personnage principal à toutes les qualités et une volonté de fer qui lui permettra de surmonter les divers obstacles qui se présenteront à lui. Certes ce gars devait savoir ce qu'il voulait et ne manquait pas de caractère mais, le faire courir 4 plombes dans la neige comme s'il allait traverser la moitié de l'Ukraine, c'est exagérer.
Filmé avec une caméra qui tressaute sur l'épaule, paré d'effets graphiques peu réussis, le film ne convainc pas par son style visuel. On est par contre happé lorsqu'il raconte une page de l'histoire de la Russie que je ne connaissais pas : l'Holodomor. Littéralement « extermination par la faim », ce terme désigne la grande famine qui eut lieu en Ukraine et dans le Kouban en 1932 et 1933 et qui fit, selon les estimations des historiens, entre 2,6 et 5 millions de victimes (soit 10 à 20% de la population !).
Porter à l'écran ce qui est reconnu depuis 2008 comme un crime contre l'humanité à du sens mais ce n'est pas le but premier du film. Ne cherchez pas d'explications sur les commanditaires : les quelques explications données font référence à Staline sans vraiment creuser le sillon. Le rôle du journaliste "lanceur d'alerte" ? Une piste un peu plus explorée à travers les relations entre gouvernements qui font pression les uns sur les autres via leurs prisonniers qui servent de monnaies d'échange ; nous pourrions aussi parler des Fake Newe qui sont très à la mode aujourd'hui, mais cela n'intéresse pas le film qui se concentre sur son héros.
L'éthique journalistique ? Et la morale des journalistes ? Si votre scoop peut coûter la vie à 6 personnes, prendrez-vous le risque de le publier ? S'il peut sauver des millions de personnes de la famine, est-ce que le "marché" est honnête et tenable (et si oui, à partir de combien de personnes cela devient-il acceptable ?). On est en plein dans les questions qui mènent à des débats interminables sur l'intelligence artificielle qui prendrait en main la conduite des voitures et les choix à faire en cas d'accident inévitable : qui sauvegarder, d'après quels critères ! Enfin, je m'éloigne...
Le scénario préfère nous montrer les parties fines des journalistes américains basés à Moscou, prêt à avaler des couleuvres (mais pas que) pour être dans les petits papiers des autorités locales, prêt à se faire acheter pour pouvoir profiter de la vie sur place. La déchéance d'un ancien prix Pulitzer permet au scénariste de faire un contre point facile avec Mister Jones, jeune premier plein d'enthousiasme qu'on ne peut pas corrompre. Facile.
Vous l'aurez compris, le film m'a autant intéressé au niveau de son sujet qu'ennuyé par sa façon de le traiter. En terme cinématographique nous ne sommes pas bien haut mais en terme historique, l'histoire de ce monsieur Jones est tout de même intrigante et l'Histoire passionnante. Il faudra que j'en parle avec mes collègues d'Histoire Géographie à la rentrée (et mon père avant ;-p )
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